Perrine Le Querrec
Bacon le cannibale
Hippocampe éditions, 2018

L’abattoir obscène la vie obscène l’atelier devenu la scène où créer le monde intranquille.

L’animal est doté de pouvoir
Le cadavre est doté de pouvoir
Le débris est doté de pouvoir
La tête scotchée la tête cachée la tête coupée le bras en avant l’épaule pointée le corps fracassé le buste contorsionné le muscle torve le corps démantelé le corps méconnaissable le corps intensité
vaudou
À la question « Quel écrivain vous a influencé ? », je répondrais sans hésiter : Francis Bacon. S’il n’est pas écrivain, il a toujours été une source essentielle d’inspiration et un guide : jamais je n’écrirais « d’histoires », mais je chercherais à écrire une langue, un langage, qui s’adresserait au corps, à la sensation, au système nerveux, une langue la plus vivante possible, la plus incarnée. Source de mémoire, d’émotion, de poésie, l’archive tient une place primordiale dans la construction de mon écriture. Ainsi, pour rendre hommage à Francis Bacon, peintre qui utilisait les archives, les photographies, toutes les images en leur durée, leur dégradation, leur surface et leur profondeur, j’ai travaillé à partir et avec ses propres archives, ses portraits, ses objets. Conservées par un amoureux de Bacon, ces archives donnaient corps à ma passion. Ardente filature à travers le geste et la matière, je tente une étude pour un portrait de l’artiste, par l’archive et la poésie, je m’approche au plus près d’une création flamboyante et déchirante, solitaire et universelle.