Il faut se représenter ce que cela signifie d'être jeté dans le monde sans aucune protection. De trancher ses racines, de quitter son pays, sa famille, tout ce qui a été sa vie.
Il faut imaginer avoir la peur comme compagne, la mort aux trousses, l'exil comme seul refuge.
Il faut s'arrêter et regarder : les visages de ces femmes et de ces hommes, arrivés en France il y a quarante ans, dix ans, ou hier.
Il faut plonger dans leur regard, les suivre sur les chemins qu'ils ont empruntés, de leur terre natale jusqu'au pays qui leur a offert une protection.
Il faut écouter ce qu'ils ont à nous dire : leurs expériences, leurs difficultés, leurs victoires, leurs défaites, leurs désirs.
Il faut apprendre d'eux, comme ils ont appris une nouvelle langue, une nouvelle culture, un nouveau métier, pour renaître sans se renier.
L'exil comme destin mais pas comme fatalité.