CHOMO

CHOMO PARTOUT ?

Le 28 janvier 1907, naissait Roger-Edmond Chomeaux. Dans les années 60, Chomeaux devenait Chomo et s’engageait dans une nouvelle existence, en s’enracinant dans un hectare de forêt de Fontainebleau. Il vivra là désormais et pour quarante ans, dédiant chacun de ses instants à la pratique artistique.

Entrer dans son monde, c’est pénétrer dans les bois touffus de la création, c'est passer le seuil des forêts de contes, poser ses pieds et son regard dans un univers inextricable, inédit, angoissant tant qu'on n'en a pas apprivoisé la luxuriance. Un univers de tous les possibles. Ici, au Centre d’Art Total Préludien, aucun repère ne vient baliser notre pensée. Chomo créé comme il respire, chaque minute, chaque matériau, deviennent source d’inspiration.
Il fut quelques personnes, des « élus », qui l’accompagnèrent quotidiennement dans son voyage au cœur de l’art. Josette Rispal, sculptrice, que Chomo souhaitait « couronner reine de la création », est de celles-là. Chomo et elle partageaient la même mission, le même univers, et pour les 84 ans de l’ermite hors-norme, elle organisa en janvier 1991 : Chomo à Milly, Chomo partout, extraordinaire exposition-immersion, qui investissait sept lieux de Milly-la-Forêt. Alors, l'œuvre tentaculaire, visionnaire et protéiforme de l'artiste total Chomo s'offrit aux regards de milliers de visiteurs.

Car comment rendre hommage, comment donner à voir une oeuvre aussi démesurée et inclassable ? Comment rendre compte d'une création hors norme, qui fait appel à tous les éléments et à tous les matériaux ? Des productions façonnées aussi bien avec le bois, la pierre, le plastique, le verre, la ferraille et le grillage à poules (un matériau, dit-il, qui respire, car l'air passe au travers), que la terre, l'air, le soleil ? Une œuvre qui s'enracine dans le sol de la forêt de Fontainebleau, et qui évolue et respire au rythme des saisons. La réponse exemplaire fut proposée en 1991.

« Je continue à m’inquiéter des forces qui m’entourent mais je resterai obéissant à leurs ordres sacrés » (Chomo, lettre à Josette Rispal, 1990)

Aujourd’hui, une petite fraction des œuvres de Chomo est exposée à la Halle Saint-Pierre.
Murs gris béton, flaques de lumière-reverbère, peintures alignées méthodiquement : difficile d’éprouver, dans cette scénographie sinistre, l’énergie et l’abondance de la création originale.
De grandes reproductions des oeuvres in situ, en noir et blanc, tentent de donner une idée de la réalité mais peine à nous immerger dans la vérité.
En déambulant silencieusement entre les sculptures et les peintures qui semblent attendre de retrouver la lumière, on se surprend à rêver d’une nouvelle exposition, à l’image de celle autrefois organisée à Milly-la-Forêt, et qui nous permettrait, encore une fois, de quitter les sentiers battus et de s’aventurer sur les empreintes de Chomo.

Chomo, le Débarquement spirituel
Halle Saint-Pierre
2, Rue Ronsard
75018 Paris
jusqu'au 7 mars 2010