JOE COLEMAN

COLEMAN LE PYROMANE

Il exécute ses premiers croquis à huit ans, dans la classe pour enfants déficients et inadaptés où il a été placé. Il reçoit peu de temps après un prix pour un dessin représentant un tas de détritus, prix remis par la femme du président Lyndon B. Johnson. À 14 ans, il met le feu au terrain d’une école catholique. Arrêté, il confessera plusieurs meurtres imaginaires. Il fête ses 16 ans l’année du massacre de Sharon Tate par les adeptes de Charles Manson.
Adulte, il expérimente sur son corps la théorie du big bang en se ceinturant de bâtonnets de dynamite qu’il fait exploser dans l’assistance.
Joe Coleman n’est pas normal.
Joe Coleman fait peur, ses peintures aussi.
Pour cette première exposition en France, le Palais de Tokyo réunit vingt toiles de l’artiste. Vingt toiles dont il vous faudra plusieurs heures pour venir à bout.
Coleman peint la face obscure de l’Amérique, ses freaks, ses serial killers, ses anti-héros. Et lorsqu’il change de sujet, c’est pour lorgner du côté des tortures, jeu de massacre et autres réjouissances.
D’une incroyable minutie (il travaille avec des lunettes de diamantaire), ses toiles racontent la vie entière de ses détraqués de prédilection, de la naissance à la mort, en passant par les nombreux crimes commis. Oscillant entre l’esthétique comics et la précision obsessionnelle de Bosch ou de Brugel, l’impact de ses peintures à l’huile est ahurissant. Icônes religieuses, enluminures du Moyen-Âge, mais aussi « image-reportage » à la Goya, la démesure dans l’infiniment petit que décrit Coleman est à la hauteur des traumatismes, folie et souffrance qui s’échappent de la toile.
Le regard plonge dans chaque toile pour une traversée de plusieurs minutes, voir de plusieurs heures, passées à lire les nombreux micros textes narrant l’histoire du psychopathe représenté, à explorer les saynètes qui recouvrent l’espace, à suivre le labyrinthe de la chronologie illustrée.
Joe Coleman a aussi de l’humour, et c’est ce qui nous sauve du chaos.

Coleman le pyromane
exposition au Palais de Tokyo
13, avenue du Président Wilson
75116 Paris
du 1er février au 11 mars 2007