FISCHLI & WEISS

Depuis 1979 les rois de l’équilibre Fischli et Weiss déjouent les lois de l’attraction pour offrir une œuvre décalée, déglinguée, dégingandée et drolatique. Démonstration en une rétrospective au Musée d’Art moderne.

Sculptures, vidéos, installations, photos, la production des deux artistes associés est polymorphe et liée par un ingrédient relativement rare en art contemporain : l’humour.
Le making-off de leur moyen métrage Le cours des choses, représente une très belle entrée en matière dans l’univers et le processus de création de ces artistes. On y voit comment ils expérimentent, rient, bricolent, s’émerveillent de leurs inventions, apprennent de leurs tâtonnements. L’ambiance de l’atelier - ou du « laboratoire » - dans lequel ils opèrent comme deux apprentis sorciers, reflète un état d’esprit entre assiduité et légèreté, rusticité et précision.
Au final, Le cours des choses est un enchaînement ininterrompu de mini catastrophes, réactions en chaîne incontrôlable - mais parfaitement ajustées - entre matériaux et objets quotidiens, qui émerveille et surprend, excite et ravi. Contrepoids, explosions, croc en jambe, balanciers, jeux de flammes et d’eau : un détournement singulier de notre réalité à usage récréatif.
Il en est de même pour la série Equilibre – Un après-midi tranquille, où la tranquillité tient dans l’échafaudage quasi magique d’objets usagés – pneus, chaises… - sans cesse menacé d’effondrement, saisi sur la pellicule photographique dans leur instant de gloire, et agrémenté d’une légende qui souligne encore l’absurdité de la mise en scène.
Les titres détiennent dans leurs quelques mots des trésors d’humanité et d’humour. Soudain cette vue d’ensemble présente ainsi une centaine de sculptures modelées dans de l’argile crue, posée sur de hauts socles et écrivant une histoire de l’humanité à travers ses grands évènements : Monsieur et Madame Einstein peu de temps après avoir conçu leur fils, Albert ou Mick Jagger et Brian Jones rentrant chez eux satisfaits après avoir composés « I can get no satisfaction ». Et devant vous, deux personnages gris et minuscules couchés dans un lit, ou deux silhouettes, guitare à la main, contre un mur rudimentaire.
À se promener ainsi à travers cette forêt grise, cette étonnante matière grise modelée par le talent du duo frappeur, un autre des bonheurs inédits de cette rétrospective est de voir les sourires des visiteurs. On se pousse du coude « Tu l’as vu celui là ? », on rit franchement devant les films, on s’émerveille devant d’autres pièces où les artistes jouent avec le trompe l’oeil, les simulacres ou les clichés.
Leur secret ? Peut-être tient-il dans leurs Dix commandements « How to work better », dont voici les cinq derniers :
Accept change inevitable
Admit mistakes
Say it simple
Be calm
Smile.

Fleurs & Questions : une rétrospective
Peter Fischli et David Weiss
Musée d'art moderne de la ville de Paris
du 22 février au 13 mai 2007