LUCIO FONTANA

Primo la matière brute, la matière épaisse, la terre la céramique le béton. À la main aux pouces en abondance. Malaxer caresser cuire. Les batailles en céramique, envol de paillons brûlés. Attachées aux murs à la verticale, elles tombent, elles tombent mais ne tombent pas. L’action prend corps et feu dans l’espace.

La première incision au cutter, larme posée sur la toile au point de départ de l’image. Juste à côté les nus féminins, encres larges, ses peintures « du dimanche ».

Le voir entrer ses deux mains dans l’entaille, en écarter les bords, enfanter l’espace.

En costume, tiré à quatre épingles devant ses œuvres dénudées. L’instrument aratoire qui perce la peinture, la toile, tous les supports tous les écrans tous les empêchements. Qui perce enfonce, le gros instrument lisse et bombé, prolongement de sa main, prothèse sensuelle, membre viril écarte la peinture, révèle le trou.

Le trou, premier geste vers la liberté, vers le vide.