REN HANG

LOVE, REN HANG

Il y a beaucoup de cadavres chez Ren Hang, beaucoup de suicides, beaucoup de chair exsangue.
étouffements.sauts dans le vide.suicides calmes.
Il y a beaucoup de viols, d’agressions silencieuses.
Il y a beaucoup de silence, des mers des montagnes des jungles de silence.
Il n’y a pas de limite. Au silence, à la nudité, au risque.
Il y a des souillures dans des écrins de pureté.
La nature à portée de corps.
La ville et ses violences de béton ses angles tranchants ses toits d’où s’envoler.
des-équilibres.
Des nudités dans des villes déshumanisées.
Des départs. Des nuits.
Ren Hang photographie d’abord entre ses murs l’intérieur de l’appartement où ami.e.s et modèles se dévêtent puis se fondent dans la ville la chair fondue revivifiée en pleine nature.
Sauvage nature. Devenir branche lac bosquet rameau brisé lys noyé.
Il y a beaucoup de symboles chez Ren Hang une écriture image par image.
Des natures véritablement mortes des paradis véritablement perdus.
Les femmes sont des fleurs sont des tiges sont des lianes sont des lignes de chair blanche des poupées-Bellmer démultipliées des poupées-Araki finement ficelées.
Femme ikebana, des liens de fleurs une censure douce.
Des hommes serpents oiseaux poissons. Morts.
Hybrides accouplements des corps on ne sait plus comment dans quel sens de quel genre ?
Des d’hystérie calmes. Nul ne crie ne pleure ni ne jouit.
contorsions.arcs.profusions.
Des symétries incarnées des tentatives d’ordre quand l’inquiétude et la dépression détruisent souterrainement un peu plus chaque jour.
Rescapés, escarpés, ensemble ils sont plus
plus nus
plus fragiles
plus dévoilés
plus visibles
des-armées
les corps s’emmêlent se superposent s’entrechoquent.
On s’enfouit dans des dérives des histoires des rituels de feu, d’eau, d’air.
Il n’y a pas un seul sourire chez Ren Hang, pas une seule naissance, pas un seul flou.
Tout est net tranchant tranché. Tout est joué, tout est jeu, tout est Je.

Love, Ren Hang
Maison européenne de la photographie
5/7 Rue de Fourcy
75004 Paris
jusqu'au 26 mai 2019

&

HOMMAGE À REN HANG

Donc le bon jour pour toi c’était vendredi 24 février 2017
à Changchun
tu as décidé de l’envol
Le bon jour pour elle, 19 janvier 1981
à New York

Tous ces temps près de moi
vos images
Corps nus pliés exposés soulevés absolus
A
ll
é
g
r
e
s
s
e
La nudité en plein regard
Vos apparitions vos disparitions

Cette question du corps
Être tous et être soi
Affronter sa propre image
De front

Des créations peuplées
La création dépeuplante
La possibilité des autres
Habiter chaque corps jusqu’au dernier
Habiter son corps
Habiter chaque instant jusqu’au dernier
Habiter son instant
Plein cadre
Définir encore une fois sa vie
à l’ultime seconde le déclencheur
Sauter
La fuite
Quelle liberté

Sauteurs de vide partis à la rencontre du vide absolu
construire dans ma tête l’image parfaite
l’espace regagné le temps vaincu
par-delà la blessure

Ren Hang, 1987-2017
Francesca Woodman, 1959-1981