FRANÇOIS MORELLET

GÉANT !

Micro rétrospective pour le maître de la ligne géométrique, de sa répétition et de ses combinaisons. « Quand j'étais petit je ne faisais pas grand » ou comment, 55 ans après, Morellet revisite la contrainte.

Avant de commencer l'exploration de cette exposition particulière, citons Jean-Baptiste Botul, philosophe mythique : « Les commencements sont, en général, petits. Dans la nature, du moins : la technique dément volontiers cette évolution, du moins si nous considérons l'âge classique. Pendant des siècles, la puissance s'affirma par la grandeur des réalisations (sous une pyramide de trois mètres cinquante seulement, le plus grand pharaon aura bien de la peine à s'immortaliser). Concept pour concept, "la-même-chose-en-plus-grand" se pense plus aisément que "la-même-chose-en-plus-petit". Le nain dérange, tandis que le géant fascine. »

Après avoir pensé "en-plus-petit", et avoir ainsi posé les bases de son art, Morellet, à la manière d'un nouveau jeu, propose comme règle de réunir onze de ses peintures abstraites de petit format réalisées en 1952 et de les présenter avec leur réplique agrandie.
Le nain est devenu géant; après avoir dérangé la peinture, l'artiste fascine.
De la peinture minimaliste qui trouvait ses sources dans l'abstraction géométrique de Mondrian jusqu'au tapa océaniens, l'art de Morellet ne cesse de flirter avec la contrainte. Mathématicien autant qu'artiste, créateur jouant sans cesse avec la perception rétinienne, fondateur du GRAV, explorateur du cinétisme, c'est avec passion que le public traque, depuis un demi siècle, les combinaisons, raisons et déraisons de l'artiste oulipien.
Véritable laboratoire de potentialité de la ligne géométrique, son oeuvre n'a cessé, avec un humour ébouriffant, d'explorer les limites et les développements d'un système linéaire.
Autant dire que l'exposition du Musée d'Art moderne est une nouvelle révélation. Agrandies, les œuvres de Morellet mettent en évidence la maîtrise originelle de son vocabulaire.
Nous succombons sous la force des lignes, des trames, du systématisme, des couleurs utilisées comme élément structurant.
D'une étonnante vigueur, les grands formats semblent avoir toujours existé. Ils véhiculent l'énorme fou rire de celui qui jamais n'achèvera de construire son œuvre de géant.

Blow-up 1952-2007, Quand j’étais petit je ne faisais pas grand
François Morellet
Musée d'art moderne de la ville de Paris
11, avenue du Président Wilson
jusqu'au 16 septembre 2007