ALEXANDRE PONOMAREV

VERTICALE PARALLÈLE

Alexandre Ponomarev, plasticien, eut une première vie de marin et d’ingénieur naval. De ce parcours hors norme naissent des œuvres à géométrie sensible, telle cette Verticale Parallèle qui transperce en ce moment la chapelle de la Salpêtrière.

Pour l’artiste, la Chapelle et ses bâtiments ont pris la forme d’un sous-marin. Et le public est invité à prendre place à bord afin de manipuler le périscope géant installé au centre même de l’architecture.

Dressé au milieu du chœur, le périscope dans sa vertigineuse verticalité, traverse la coupole et s’élève jusqu’à l’extérieur, jusqu’aux cieux. Une caméra posée sur un rail filme le dehors, au rythme des mouvements que nous appliquons, de l’intérieur, au périscope.
Toits de Paris, nuages, cieux, routes, débordements d’architectures et de vides, silhouettes pressées, autant d’images que notre oeil, collé à la lentille, avale goulûment. Ces mêmes images qui sont simultanément retransmises dans les chambres de l’hôpital, dans les couloirs et les salles d’attente.
C’est un mouvement d’une amplitude absolue que Ponomarev crée avec cette œuvre : celui de notre vision vers l’extérieur, celui du monde du dehors qui déferle soudainement dans l’enceinte de l’hôpital, et plus particulièrement de la Salpêtrière, lieu symbolique d’incarcération et d’isolement.
Grâce à cette volonté, une complicité se noue entre le public et les patients : on a envie de capter la plus belle image afin qu’ « ils » puissent la voir de leur chambre, afin que leur souffrance soit allégée, un moment, par cette perspective de toits, par ce ciel limpide, par ce balcon étrangement décoré.
Des ramifications se tissent, de l’extérieur vers l’intérieur, du public au privé, du bien portant au malade : des vies parallèles qui s’unifieraient dans ces images communes, qui éclairent aussi bien les rosaces de la chapelle que les chambres particulières des patients.
C’est un véritable dialogue qui s’écrit, encore sublimé par le son produit par l’eau en mouvement capturée dans deux sphères de plexiglas posées sur le sol de la chapelle Saint-Louis.
La responsabilité de l’hôpital s’inscrit dans cet acte artistique fort ; l’homme lui-même se replace dans son axe, il se repère sur la verticale, regarde autour de lui, agrandit son monde, se lie aux autres, à l’autre.

Pour ouvrir l’horizon Alexandre Ponomarev a percé la plus fascinante des verticales.

Verticale Parallèle
Alexandre Ponomarev
Chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière
jusqu’au 14 octobre 2007