GREGOR SCHNEIDER

MAISON CARCÉRALE

On nous avait prévenu : une fois la première porte franchie, impossible de revenir en arrière. Alors on pousse la porte, anxieux et curieux à la fois. Et lorsqu’elle claque bruyamment dans notre dos, on sait que l’on vient de passer un premier seuil d’angoisse.
Introspection au bord de nos peurs et de nos limites, le parcours construit par Gregor Schneider à la Maison rouge, espaces d’exposition et locaux techniques compris, est éprouvant, déstabilisant. On rase les murs, on se perd dans soi-même, c’est notre rationalité que nous avons laissée derrière la première porte. Car le parcours en lui-même est balisé : pièce après pièce, les sensations s’égrènent : chaud, froid, odeurs, mou, dur, compression, dilatation.
Au loin les portes continuent de claquer, mais imaginer qu’un autre visite la maison en même temps que vous n’a rien de rassurant. L’homme devient un ennemi, la maison un lieu d’enfermement.
Tout ce qui se passe dans les chambres closes prend une allure bancale, étouffée, folle.
Le pire c’est l’éblouissement, la disproportion de la pièce blanche.
Le pire, c’est la pièce molle du noir absolu.
Le pire, c’est à vous de le choisir.

La thématique de la maison est au centre du travail de l'artiste.
Depuis l'adolescence, il redimensionne, rétablit, corrige, restructure sa propre maison, héritage familial situé dans la petite ville de Reydt en Allemagne. Héritage architectural, héritage familial, la frontière entre les murs de béton et l’intimité carcérale/familiale vient de sauter.

Süβer Duft
Gregor Schneider
La Maison rouge
10, boulevard de la Bastille
75012 Paris
jusqu'au 18 mai 2008